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CHAPITRE 3 - "LA REVOLUTION FRANçAISE ET L'EMPIRE : NOUVEL ORDRE POLITIQUE ET SOCIETE REVOLUTIONNEE EN FRANCE ET EN EUROPE"

A la fin du XVIIIe siècle, la Révolution américaine (1776-1783) et les idées diffusées par les Lumières provoquent une vague de révolutions : ce sont les Révolutions Atlantiques. En 1789, la Révolution française éclate : le peuple remet violemment en question la monarchie absolue et la société d’ordres. Il met en place de nouveaux régimes politiques, dans lequel il finit par prendre seul le pouvoir en 1792 avec la Ière République. Mais, la fragilité de cette dernière permet à Napoléon Bonaparte de s’emparer du pouvoir en 1799 et d’établir un empire (1804-1815). Tout en conservant les acquis de la Révolution, il transforme ainsi profondément la France et étend son influence en Europe.

Quelles sont les grandes transformations apportées par la Révolution et l’Empire en France puis en Europe ?


I. Une nouvelle organisation politique de la France.

A. 1789 – 1792 : La monarchie constitutionnelle.

1. La crise de la monarchie absolue.

Activité - La crise de la Monarchie

A la fin des années 1780, le royaume de France traverse une grave crise économique, sociale et financière. L’action des différents ministres des finances pour rétablir la situation s’avère inefficace et les mécontentements de la population grandissent. Louis XVI se voit alors contraint de convoquer les Etats généraux pour le 5 mai 1789. La population s’y prépare entre mars et mai en rédigeant des cahiers de doléances et en élisant leurs représentants.
Etats généraux : assemblée convoquée par le roi et composée des représentants des trois ordres pour traiter d’une crise politique ou financière et trouver des solutions appropriées.
Cahier de doléances : registres élaborés dans les différentes assemblées du peuple et présentant ses revendications pour les Etats Généraux. 

2. L'affirmation du peuple.

Activité - L'Affirmation du Peuple 

   En 1789, le peuple français se soulève et parvient à s’emparer du pouvoir en instaurant une monarchie constitutionnelle en 1791. Mais, par quels moyens renverse-t-il la monarchie absolue et la société d’ordres ?


        Tout d’abord, c’est avec le serment du jeu de Paume du 20 juin 1789 que les députés du tiers-état amorcent le renversement de la monarchie absolue. Déçus par l’organisation des Etats Généraux qui ne correspondent pas à leurs attentes, les députés se proclament assemblée nationale constituante. Mais, le roi conteste cette situation et décide de faire monter ses troupes à Versailles.
        Ainsi, la réponse militaire du roi entraîne de profonds troubles dans toute la France au cours de l’été 1789 : c’est la Grande Peur. Tout d’abord, les parisiens s’emparent violemment de la prison royale de la Bastille le 14 juillet 1789 et fondent, comme dans toutes les grandes villes, une garde nationale afin de se protéger des troupes royales. Parallèlement, les populations des campagnes se soulèvent également contre les nobles. Ils s’en prennent à leurs biens et brûlent les droits seigneuriaux qui leur imposaient le paiement des impôts et la réalisation de corvées.
        C’est pourquoi, face à cette situation, le roi décide de ne plus s’opposer à l’Assemblée nationale constituante. Pour mettre fin aux troubles qui traversent le pays, cette dernière parvient, tout d’abord, à faire abolir les privilèges de la noblesse et du clergé dans la nuit du 4 au 5 août 1789. Elle élabore ensuite un texte établissant l’égalité, les libertés et la souveraineté du peuple qui est adopté le 26 août 1789 : c’est la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui met fin à la société d’ordres. Enfin, elle termine la rédaction de la constitution promise, qui aboutit à la proclamation de la monarchie constitutionnelle le 21 septembre 1791. Le roi voit désormais son pouvoir limité par le peuple : c’est la fin de la monarchie absolue.

        En somme, en se soulevant violemment contre le roi et la société d’ordres, le peuple de France a permis à l’Assemblée nationale constituante d’asseoir son autorité et de prendre les décisions nécessaires à l’établissement d’une société plus égalitaire. 

Assemblée nationale constituante : assemblée des députés qui représentent la nation et rédigent une Constitution.
Constitution : texte établissant le fonctionnement des pouvoirs dans un Etat.
Droits seigneuriaux : ensemble des droits des seigneurs sur les paysans (taxes, corvées, impôts).
Garde nationale : troupe composée de citoyens et chargée d’assurer la sécurité et l’ordre public dans les villes.

3. L'échec de la monarchie constitutionnelle.

La monarchie constitutionnelle rencontre très vite des opposants :

• A l’intérieur du pays, le petit peuple des villes, les Sans-culottes, souhaite l’établissement d’une République égalitaire.

• A l’extérieur, la France est aussi menacée par les monarchies européennes depuis l’arrestation de la famille royale à Varennes le 21 juin 1791.

Pour contrer ses opposants, l’Assemblée décide d’entrer en guerre contre l’Empire d’Autriche en avril 1792. Mais, l’armée française subit de lourdes pertes et doit déclarer la « patrie en danger » pour bénéficier de l’aide des troupes fédérées. En apprenant l’existence du Manifeste de Brunswick, les fédérés pensent que le roi les a trahis. Ils s’emparent à l’aide des sans-culottes du palais des Tuileries le 10 août 1792 : c’est la fin de la monarchie constitutionnelle. La famille royale est arrêtée et emprisonnée pour trahison. Une nouvelle Assemblée, la Convention, est élue au suffrage universel masculin et donne naissance à la Ière République française le 22 septembre 1792.
Sans-culottes : Petit peuple des villes habillés de pantalons et souhaitant une République égalitaire.
Fédérés : troupes formées des gardes nationales.

B. 1792-1799 : l'expérience républicaine.

Activité - L'expérience républicaine

1. La Ière République et la guerre.

La première tâche de la Convention est de juger la famille royale. L’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793 amène à une répression des monarchies européennes qui forment une Grande coalition et lui déclarent la guerre. A l’intérieur du pays, la Convention doit aussi affronter une contre-révolution hostile à la République qui aboutit à la guerre de Vendée en 1793.
Opposés à cette politique menée par les Girondins, les sans-culottes encerclent la Convention le 2 juin 1793 et les font arrêter. Ce sont les députés Montagnards qui prennent le pouvoir pour mettre fin aux révoltes.

Girondins : députés défendant la République et les principes révolutionnaires, mais s’opposant aux sans-culottes.
Montagnards : députés proches du peuple et prêts à réaliser des sacrifices sur les libertés pour préserver la République.
Coalition : ensemble de forces s’unissant contre un adversaire commun.
République (chose publique en latin) : régime politique dans lequel la population ou une partie d’entre elle détient le pouvoir.

2. La République de la Terreur.

Les Montagnards mettent en place un comité de Salut public qui instaure une politique de « Terreur » : levée en masse, loi des suspects, tribunal révolutionnaire, etc. Pour séparer l’Etat de la religion, ils instaurent un nouveau calendrier : le calendrier révolutionnaire.
Cette politique permet de mettre fin aux révoltes et de vaincre l’Autriche en 1794. Mais, les Montagnards se divisent : les « Enragés », menés par Robespierre, décident de continuer cette politique, tandis que les « Indulgents », conduits par Danton, souhaitent qu’elle prenne fin. Robespierre fait alors arrêter et exécuter les « Indulgents » en mars et avril 1794. Les députés de la Plaine, craignant pour leur propre vie, décident de faire arrêter et exécuter Robespierre le 28 juillet 1794 (10 Thermidor an II) : c’est la fin de la République montagnarde.
Se faisant désormais appelés les Thermidoriens, les députés de la Plaine élaborent une nouvelle constitution en 1795 (an III), qui donne naissance à un nouveau régime politique le Directoire. Mais, ce dernier devient très vite impopulaire suite aux inégalités sociales et aux difficultés de la France (Etat ruiné par la Guerre, montée de l’insécurité et pauvreté).

Directoire : régime politique s’étendant de 1795 à 1799 comprenant à sa tête 5 directeurs.

C. 1799-1815 : l'expérience napoléonienne.

1. Le Consulat.


Le Général Napoléon Bonaparte est écarté du pouvoir par les Directeurs qui l’envoient mener une campagne en Egypte. A son retour, et soutenu par l’armée, il réalise un coup d’Etat le 9 novembre 1799 qui lui permet de s’emparer du pouvoir et de fonder un nouveau régime dont il prend la tête : le Consulat.
La nouvelle constitution lui donne les pouvoirs exécutifs et législatifs : il devient Premier Consul. Le peuple français adhère à ce régime politique en adoptant la constitution par un plébiscite au suffrage masculin universelle, puis en nommant Bonaparte Consul à vie le 4 août 1802.

Coup d’Etat : prise du pouvoir par la force.
Plébiscite : réponse d’un peuple à une question posée par son dirigeant.

2. L’Empire.

Bonaparte se sacre lui-même Empereur Napoléon Ier le 2 décembre 1804 à la cathédrale Notre-Dame de Paris
Napoléon Ier se comporte comme un empereur romain : il s’entoure d’une noblesse impériale, il fait ériger des bâtiments à sa gloire comme l’Arc de Triomphe, mais surtout il gouverne seul en ne consultant plus les institutions du Consulat et en réprimant les principales libertés susceptibles de le faire tomber. Il fait ainsi de l’empire un régime autoritaire.

Régime autoritaire : pouvoir politique qui veut imposer à la société et aux citoyens ses idées et la toute-puissance de l’Etat.

II. Les transformations de la France et leurs conséquences en Europe.

A. Une France Transformée.

Club politique : association se réunissant régulièrement pour débattre des sujets politiques.

Corporation : association de personnes d’un même métier se regroupant pour défendre leurs intérêts.
Conscription militaire : service militaire obligatoire.
Mariage civil : reconnaissance légale du couple dont la cérémonie se tient en mairie.
Concordat : accord passé entre un Etat et le Pape pour régler des questions religieuses.

B. L'impact limité des transformations françaises en Europe.

Activité - Révolution, Empire et Europe

De 1792 à 1815, les guerres de la Révolution et de l’Empire ont diffusé en Europe les idées de liberté, d’égalité de droits et de souveraineté nationale qui se sont traduites par l’application de constitutions puis du code civil. Mais, en plaçant les membres de sa famille à la tête des Etats conquis, puis en imposant de lourds impôts et une participation des populations à sa Grande Armée, Napoléon Ier provoque une montée du patriotisme et du sentiment national chez ces peuples.
Avec la formation d’une coalition (Grande-Bretagne, Prusse et Hollande) contre l’Empire, Napoléon et sa Grande Armée sont défaits à Waterloo le 18 juin 1815. Ainsi, l’empire français s’effondre avec son abdication à Fontainebleau le 22 juin 1815. Les puissances européennes se réunissent alors en Congrès à Vienne pour réorganiser l’Europe. Les rois des anciennes dynasties reviennent sur leur trône et rétablissent leur pouvoir : c’est ce qu’on appelle l’ordre ancien. Mais, ce nouveau découpage, ne tenant compte que des volontés des souverains victorieux, délaisse les peuples et leur volonté de liberté. C’est pourquoi des mouvements nationaux apparaissent un peu partout dans les nouveaux Etats européens.

Sentiment national : sentiment d’appartenance à une même nation.
Abdication : renoncer au pouvoir.
Mouvement national : lutte pour l’indépendance ou l’unification d’un peuple.

Conclusion

En France, la Révolution et l’Empire ont contribué à transformer l’ensemble de la société en faisant émerger les bases de la société contemporaine. En Europe, Bien que ces transformations aient également atteint les sociétés, la Révolution et l’Empire ont surtout contribué à la montée du patriotisme et du sentiment national sur lesquels s’appuient les peuples européens pour se soulever lors du « printemps des peuples » en 1848.